« Car les uns ont quelque manière d’enseigner qui est plus propre pour aucuns ; & les autres, pour les autres ». La diversité des catéchismes réformés francophones aux XVIe et XVIIe siècles

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25 Mar
2024

Mickaël Berthier

Résumé

Au XVIe siècle, les protestants sont les premiers à publier des manuels de catéchisme. Ces petits livres définissent et contiennent les connaissances nécessaires pour se dire chrétien. En France et en Suisse romande, le catéchisme de Calvin publié en 1542 fait autorité. Pourtant, au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle puis du XVIIe siècle, les catéchistes, principalement des pasteurs, rédigent et publient d’autres catéchismes dont les formes et les publics ciblés varient. Cet article vise à mettre en évidence les causes pédagogiques à l’origine de la diversification de la littérature catéchétique francophone au cours des XVIe et XVIIe siècles.

Détails

Chronologie : XVIe – XVIIe siècle
Lieux : France – Suisse
Mots-clés : Catéchisme – Livre – Protestantisme – Éducation – Pasteur – France – GenèveXVIe siècleXVIIe siècle

Chronology: XVIth – XVIIth century
Location: France – Switzerland
Keywords: Catechism – Book – Protestantism – Education – Pastor – France – Geneva – XVIth century – XVIIth century

Plan

I – Être catéchiste, une affaire de pasteur

II – Écrire pour instruire, édifier, controverser et commenter

III – Un genre à destination de tous

Pour citer cet article

Référence électronique
Berthier Mickaël, “« Car les uns ont quelque manière d’enseigner qui est plus propre pour aucuns ; & les autres, pour les autres ». La diversité des catéchismes réformés francophones aux XVIe et XVIIe siècles", Revue de l’Association des Jeunes Chercheurs de l’Ouest [En ligne], n°4, 2024, mis en ligne le 25 mars 2024, consulté le 21 novembre 2024 à 7h23, URL : https://ajco49.fr/2024/03/25/car-les-uns-ont-quelque-maniere-denseigner-qui-est-plus-propre-pour-aucuns-les-autres-pour-les-autres-la-diversite-des-catechismes-reformes-francophones-aux-xvie/

L'Auteur

Mickaël Berthier

Spécialisé dans l’étude du catéchisme dans les Eglises réformées de France entre les années 1550 et 1680, l'auteur a rédigé un article sur La diversité des catéchismes réformés francophones aux XVIe et XVIIe siècles. Celui-ci met l’accent sur la publication croissante des manuels de catéchisme, essentiels aux protestants pour diffuser leurs idées et s’affirmer en tant que chrétiens. En plus de questionner l’origine de la diversification de la littérature catéchétique, l'auteur centre également sa réflexion sur les publics visés, qui sont à la fois les destinataires et les acteurs d'un genre accessible à tous.

Droits d'auteur

Tous droits réservés à l'Association des Jeunes Chercheurs de l'Ouest.
Les propos tenus dans les travaux publiés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.

            Il est communément admis que l’imprimerie a été l’un des facteurs favorisant la diffusion des nouvelles idées protestantes au cours du XVIe siècle[1][2][3]. En prenant aussi en compte le principe de sola scriptura et des liens particuliers entre Réforme et éducation[4], il ne semble pas surprenant que les protestants soient les premiers à mettre en livre des catéchismes auparavant réservés à l’oralité. Ils prennent la forme d’une instruction rudimentaire des principes de la foi chrétienne organisée en une suite de couples de question-réponse. Les plus célèbres sont les catéchismes de Luther (1529) et de Calvin (1537 et 1542). Le second manuel de Calvin est imprimé à Genève puis diffusé massivement avec les autres textes réformés vers le royaume de France à partir des années 1550. Il est le catéchisme de référence pour les Églises réformées de France.

            S’il conserve ce statut jusqu’à la Révocation en dépit des critiques émises envers sa complexité[5], certains enseignants et certains auteurs, ou catéchistes, se sont permis d’écrire et d’enseigner à partir d’autres catéchismes. En 1607, le synode provincial d’Anjou-Touraine-Maine ordonne de ne pas exposer « publiquement aux enfans aultres catechismes que celui [de Calvin] qui a esté receu des églises[6] ». Il faut attendre une décision du synode national en 1617 pour que la voie à la publication et à l’usage d’autres catéchismes soit ouverte : « l’Exposition qui s’en fera dans le Discours des Pasteurs […] est laissée à la Liberté des Consistoires[7]. » Il est désormais permis d’interpréter le catéchisme à condition de respecter la doctrine contenue dans le manuel de Calvin. Certains pasteurs et quelques laïcs s’emparent alors du genre pour proposer leur manuel sans pour autant chercher à le substituer à celui de Calvin[8]. Ces catéchismes et leurs auteurs n’ont pour le moment jamais bénéficié d’une étude « systématique et exhaustive[9] », l’attention s’étant davantage portée sur les littératures de piété et de controverse[10]. À partir d’un corpus de catéchismes francophones imprimés en France (Orange, Sedan et Metz compris) et en Suisse romande entre 1542 et 1685, il s’agit de mettre en évidence les causes pédagogiques à l’origine de la diversification de ces manuels. Pour y parvenir, nous proposons d’identifier les catéchistes, de questionner leurs pratiques d’écritures et de déterminer les publics envisagés à la fois comme destinataires et acteurs d’un genre a priori accessible à tous.

Être catéchiste, une affaire de pasteur

            Au cours de nos recherches, nous avons retrouvé 170 éditions imprimées en France et en Suisse romande sur la période retenue. Le corpus est ainsi constitué de 44 titres écrits par 37 catéchistes différents[11]. Les manuels de catéchisme protestant en langue française sont ainsi relativement peu nombreux en comparaison des 130 titres catholiques publiés sur la même période[12]. Il en est de même au regard d’autres genres réformés comme la littérature de piété, comptant pas moins de 200 titres en français recensés par M. Carbonnier-Burkard pour le seul XVIIe siècle[13].

            La faiblesse du genre catéchétique pourrait s’expliquer par la référence que constitue le manuel de Calvin aux XVIe et XVIIe siècles. À son sujet, le synode national tenu à Montauban en 1594 a « résolu qu’on le retiendra, & qu’il ne sera pas permis auxdits Ministres d’en exposer un autre[14] ». Lors du dernier synode national en 1659, les députés réunis à Loudun « défend[ent] à toutes sortes de personnes de faire imprimer et joindre avec la liturgie et le catechisme ordinaire [celui de Calvin] d’autres catechismes ni d’autres prieres[15] ». Cette décision témoigne du statut particulier du Psautier. Ce recueil liturgique contient les psaumes, les prières et le catéchisme de Calvin que chaque protestant doit apporter au temple selon le synode national de 1581. À cette occasion, il avertit « aussi les Imprimeurs de la Religion, de ne séparer point les Prières ni les Catechismes, d’avec les Psaumes[16] ». Le Psautier est un cas à part en ce qu’il contient les textes de référence nécessaires à la vie religieuse des réformés. Les autres catéchismes publiés n’y ont pas leur place. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé de recueil de catéchismes imprimé en France réunissant le catéchisme de Calvin avec d’autres manuels. Le statut d’exception du catéchisme de 1542 apparaît d’autant plus ici sans que cela signifie l’absence de toutes critiques. En 1653, le pasteur de l’Église française de Londres, Jean d’Espagne, n’hésite pas à écrire que le catéchisme des réformés français est « defecteux en plusieurs poincts[17] ».

            Au XVIIe siècle, la catéchèse réformée française se diversifie : 25 catéchistes exerçant en France publient leur manuel au cours du siècle. La répartition provinciale des pasteurs de notre corpus montre que onze provinces synodales accueillent au moins un pasteur au moment de la publication de son catéchisme. Les provinces dépourvues de catéchiste sont au nombre de cinq : le Bas-Languedoc, le Velay-Forez-Vivarais, la Basse-Guyenne, la Provence et les Cévennes. Cette sous-représentation des pasteurs catéchistes dans la moitié Sud du royaume, alors même que la majorité des protestants vivent dans le « croissant réformé » du Poitou au Dauphiné, est paradoxale. Est-ce qu’elle peut s’expliquer par un usage bien ancré des manuels genevois de Calvin et de Théodore de Bèze dans le Sud du royaume ? Dans son recueil de 1673, Pierre Chouet explique que la présence des catéchismes de Calvin et de Bèze est due à l’« approbation publique » dont ils bénéficient dans tout le royaume[18]. Au cœur du protestantisme français, de Montauban à Annonay, seul Pierre Girard est l’auteur d’un catéchisme, plus exactement d’un commentaire du manuel de Calvin. Le reste des manuels du recueil de Pierre Chouet provient de catéchistes en exercice dans la moitié Nord du royaume.

            La proximité géographique des pasteurs auteurs d’un catéchisme se renforce par des relations familiales ou extra-familiales constituées au sein de ce groupe socio-professionnel dont il nous manque encore une prosopographie[19]. Nous pouvons mettre en évidence un réseau de catéchistes dont le nœud central semble être constitué par la relation entre Charles Drelincourt et André Rivet. Leur correspondance met en évidence les stratégies de carrière déployées afin de placer deux jeunes pasteurs, Cyrus du Moulin et Jean de Fauquembergue, au poste de ministre d’une Église prestigieuse[20]. Le premier est le neveu de Rivet tandis que le second, placé avec succès à Dieppe durant l’été 1636, devient le neveu par alliance de Drelincourt à l’été suivant par son mariage avec Elisabeth Le Pin[21].

            Ce resserrement familial entre ces pasteurs fruit d’un lien professionnel ne doit pas occulter la proximité religieuse, et donc catéchétique, des acteurs susmentionnés. Les manuels de Drelincourt et de son neveu par alliance sont proches sur le plan doctrinal[22] tandis que Rivet et son neveu ont tous les deux publié un catéchisme de controverse[23]. Ces manuels visent à instruire et armer les fidèles sur les points de controverse entre catholiques et protestants. Plus généralement, les désaccords théologiques entre les académies de Saumur et de Sedan se retrouvent dans le cercle de sociabilité Drelincourt-Rivet plutôt proche du parti orthodoxe de la seconde. En effet, Drelincourt et du Moulin sont formés à Sedan, le premier étudie aussi à Saumur sans embrasser les thèses de Moïse Amyraut[24]. Cette double fréquentation pourrait expliquer la recherche d’apaisement dans ce conflit par Drelincourt[25].

            L’intérêt porté aux relations pastorales du pasteur Drelincourt permet aussi d’observer des brebis galeuses au sein des liens familiaux ou extra-familiaux de celles-ci. Si les pasteurs se doivent d’être des modèles à suivre pour les fidèles en faisant de leur vie un exemple, tel Paul Ferry[26], d’autres s’éloignent de cet idéal par leurs actes. Le pasteur Charles Deschamps, nommé à Dieppe au détriment de Cyrus du Moulin, est un plagiaire interdit de prêcher peu après son élection par le synode national d’Alençon en 1637[27]. Drelincourt est par ailleurs très critique à son égard[28]. Deschamps publie un catéchisme en 1644 à Lausanne où il exerce désormais son ministère[29]. Le cas de Louis de Fauquembergue, possible frère de Jean[30], intrigue puisqu’il publie son catéchisme sous couvert d’anonymat en 1632 et ne révèle son identité qu’à partir de la cinquième édition publiée en 1656[31]. La signature de la dédicace à Elisabet de Bidache, plus connue sous le nom d’Elisabeth Hamilton, apparentée aux Stuarts et non-protestante[32], marque la rupture de l’anonymat. En faisant ce choix, L. de Fauquembergue a peut-être recherché une alliée en vue d’un exil au regard de ses démêlés avec le synode d’Île-de-France depuis 1649. Ils prennent fin en 1659 à la suite d’une décision du synode national de Loudun consistant à transmuer sa peine d’excommunication en suspension de six mois du ministère[33]. L. de Fauquembergue finit cependant par apostasier vers 1667[34]. Son apostasie constitue un échec dans l’action de conservation de la communauté menée par les autorités ecclésiastiques[35]. Malgré ces affaires, les catéchismes de Deschamps et de L. de Fauquembergues ne sont pas des échecs éditoriaux et témoignent peut-être d’une autre conception de l’instruction religieuse distincte des relations pastorales impliquants Drelincourt. À cet égard, leurs catéchismes font partie, avec ceux de Drelincourt et du Moulin, du recueil de Pierre Chouet composé dans une perspective pédagogique encourageant la comparaison de divers catéchismes ayant rencontré pour la majorité un certain succès éditorial[36].

Écrire pour instruire, édifier, controverser et commenter

            La diversité des manuels dont témoigne le recueil de Pierre Chouet invite à se pencher sur les pratiques d’écritures des catéchistes pour tenter d’établir une première typologie des catéchismes réformés de l’époque moderne. Si l’on en croit l’épître au lecteur du catéchisme de 1542, Calvin cherche à réactiver la catéchèse de l’Église primitive. Pour le Réformateur, c’est la décision prise par l’Église du Haut Moyen Âge de généraliser le baptême aux petits enfants qui a rendu cette pratique obsolète[37]. À l’origine, la catéchèse était pensée comme une préparation au baptême, le sacrement de la confirmation, une « singerie, sans aucun fondement » pour Calvin, en est un reliquat[38]. Calvin entend réactualiser le catéchisme en l’envisageant à la fois comme une formation permettant de confirmer la promesse du baptême lorsque l’enfant atteint l’âge de raison et comme une préparation en vue de la cène[39]. Il pense l’articulation des deux sacrements protestants par l’intermédiaire du catéchisme. L’instruction religieuse est envisagée dans la perspective sacramentelle. Ainsi, Calvin ne se considère pas en innovateur mais se positionne contre la catéchèse pratiquée par l’Église de Rome en se revendiquant comme véritable descendant du christianisme originel.

            Les manuels de catéchisme sont ainsi le plus souvent rédigés dans le but de fournir aux chrétiens les éléments fondamentaux à connaître pour mener à bien leur vie religieuse. Durant la décennie 1550 et au début de la suivante, le pasteur Pierre Viret entreprend l’écriture d’un programme catéchétique progressif. Il est présenté au sein du troisième livre l’Exposition familiere publié en 1561[40]. En trois ouvrages, qui sont autant de classes d’un cursus scolaire, Viret cherche à faire progresser par étapes les fidèles vers la connaissance de la foi chrétienne. Le premier dans l’ordre de publication est le Sommaire en 1558 dont l’objectif est d’instruire les Lausannois[41]. Au sein de la préface, le pasteur suisse annonce son Brief sommaire à paraître. Ce petit catéchisme, publié la même année, est à destination des moins instruits afin de les préparer aux catéchismes « de nostre temps ». Pour Viret, une offre plurielle de manuels ouvre à chacun la possibilité de choisir l’ouvrage « le plus convenable pour soy[42] ». Les trois ouvrages sont réunis à l’Instruction chrestienne dans une réédition de 1564[43]. Cette somme se veut accessible tout en visant à conclure l’apprentissage élaboré par Viret. La diffusion de ces catéchismes semble relativement limitée puisqu’ils ne sont jamais réimprimés après 1564. Une édition de l’Exposition datée de 1564 est détenue par la bibliothèque du consistoire d’Issoudun en Bas-Berry lors de l’inventaire dressé en 1679[44]. Ce programme représente un cas unique de notre corpus et un complément à la référence constituée par le manuel de Calvin dont la difficulté conduit rapidement les pasteurs à en proposer un commentaire.

            Rédigés par des ministres pour des ministres, les commentaires de catéchisme sont des outils à l’usage des catéchistes pour la compréhension et l’explication des manuels de référence. Le catéchisme de Calvin est le seul manuel réformé à avoir été commenté en France et en Suisse romande. Il n’a pas tardé à l’être en raison tant de son statut de manuel officiel que de sa complexité pour un public peu instruit[45]. En effet, le pasteur François Bourgoing publie en 1564 sa Paraphrase qui devient une référence[46]. En 1600, Pierre Girard dans la préface de La fleur de la théologie écrit : « si je ne disois que je me fusse servi des labeurs de ceux qui m’ont procédé mesme celuy de Bourgoing duquel j’ay tiré ce que je pensois servir à mon travail, on me reputeroit glorieux[47]. » Ce propos de Girard semble confirmer le statut particulier du commentaire de Bourgoing autant parce qu’il le cite explicitement que parce qu’il semble moins acceptable de se priver des travaux de Bourgoing pour un tel ouvrage. De même, Abraham du Pan confirme ce constat en 1632 dans la dédicace de son Exposition en écrivant que Bourgoing a « travaillé heureusement […] sur nostre Catechisme[48] ». Le commentaire de Bourgoing reprend l’ordre des questions-réponses du manuel de Calvin sans en ajouter ou en retrancher un seul couple. Il ne s’agit pas de modifier le catéchisme de référence mais de proposer à « ceux qui ont la charge d’administrer la Parole en ce Royaume […] quelque soulagement ou prompt secours en ceste briefve explication[49] ». La vocation de ces commentaires était de soutenir la préparation de l’explication de section du catéchisme le dimanche après-midi au temple.

            Dans son Apologie pour ceux de la Religion, le pasteur saumurois Moïse Amyraut présente le catéchisme organisé le dimanche après-midi dans les Églises « un peu populeuses » de France[50]. D’après lui, le catéchiste choisit une section à faire réciter aux enfants puis l’expose à l’assemblée chaque dimanche. Chaque année, il peut plus ou moins couvrir l’ensemble du catéchisme de Calvin composé de 55 sections, aussi appelées dimanches. Ces explications du catéchisme sont parfois publiées à l’image de l’exposition de la section 47 par Amyraut consacrée à l’efficacité des sacrements. Comme les autres catéchismes, l’épître au lecteur met en avant la difficulté d’une matière que le pasteur a cherché à éclaircir[51]. L’intérêt de ces sermons imprimés est aussi de percevoir l’oralité exprimée par le pasteur lors de ce temps dominical. En effet, ils sont le plus souvent publiés sans importantes modifications[52]. Pour les fidèles, ces imprimés sont l’occasion de reprendre posément le sermon entendu quelques mois ou années auparavant par leur pasteur ou simplement de comparer avec ceux de leur propre ministre. Ces sermons participent pleinement de l’instruction des fidèles adultes et les amènent vers une connaissance plus approfondie de la religion chrétienne. Écoutés régulièrement tout au long de leur vie, les sermons, tant du matin que de l’après-midi, contribuent à mettre en contact les fidèles avec le divin[53].

            Dans la piété calvinienne, le rapprochement des fidèles avec Dieu passe surtout par le sermon et la célébration de la cène[54]. Le développement d’une littérature de piété ne surprend pas et particulièrement lorsque l’on constate l’existence de catéchismes de préparation à la cène[55]. Ces manuels permettent aux fidèles de préparer le sacrement eucharistique en parallèle de l’assistance aux catéchismes généraux lors des semaines précédant sa célébration au temple. La rareté de ces catéchismes s’explique par l’existence de formulaires de références rédigés dans les premiers temps de la réforme calviniste comme La maniere d’interroguer les enfans qu’on veut recevoir à la Cene de nostre Seigneur Jesus Christ[56]. Une autre raison repose sur le fait que les ouvrages de préparation à la cène, sans être des catéchismes, représentent un sous-genre des livres de piété protestante.

            Par ailleurs, parmi ces catéchismes de piété, nous trouvons le catéchisme de consolation traduit par Jean de Chandieu en 1588[57]. Le commanditaire est le duc des Deux-Ponts, Jean Casimir, dont l’objectif est de soutenir les protestants français autrement que par une intervention militaire comme celle menée en 1568[58]. Le but de ce catéchisme est alors d’apporter consolation aux réformés français embourbés dans la huitième guerre de religion[59]. Ce catéchisme appartient ainsi à la littérature réformée de consolation aux persécutés alors en plein essor dans les centres d’édition de Genève et d’Amsterdam[60]. Il ne s’apparente cependant pas aux manuels de consolation habituels dans la mesure où ce catéchisme doit diffuser la vérité réformée au plus grand nombre afin de suggérer la vitalité du protestantisme. La littérature de consolation cherche autant à rassurer les fidèles malades ou affligés qu’à conforter leur foi puisque d’elle dépend le Salut.

            L’existence du manuel traduit par Chandieu témoigne des temps de guerre de la fin du XVIe siècle. L’édit de Nantes change la nature des affrontements entre catholiques et protestants avec le développement du genre de controverse, dont certains catéchismes reprennent les codes. En effet, la catéchèse catholique innove avec la publication par le jésuite Guillaume Baile du premier catéchisme de controverse en 1607[61]. Cet ouvrage de controverse est bien un catéchisme en raison du public visé par le jésuite dans la dédicace : « afin de fournir d’armes spirituelles aux plus debiles, pour faire teste à nos adversaires, qui à tout pas & rencontre invitent les plus foibles à l’escrime des disputes[62]. » Cet ouvrage reçoit les réponses des ministres Pierre de La Vallade, André Rivet et George Thomson, toutes publiées en 1608[63]. Par la suite, les réformés écrivent d’autres catéchismes de controverse dont le plus connu est celui de Cyrus du Moulin mentionné précédemment[64]. Ce sous-genre devait permettre aux fidèles de s’approprier les éléments de conflits interconfessionnels à partir des fondamentaux appris et répétés depuis l’enfance.

Un genre à destination de tous

            L’instruction religieuse des enfants joue un rôle essentiel dans les premiers temps de la Réforme protestante. À Genève, la mise en place de l’obligation scolaire en 1536 permet de transmettre à tous les enfants les nouvelles idées calvinistes qu’ils véhiculent ensuite dans leur famille. Le 19 avril 1557, Pierre Choux ne parvenant pas à réciter le Credo, le consistoire « luy a deffendu la cene jusques à ce qu’il soyt mieulx instruict et qu’il tasche de se faire instruire à son fils[65] ». En France, la situation précaire des protestants en manque de personnel pour encadrer les communautés naissantes et dresser les Églises conduit le synode national de 1560 à « conseille[r aux représentants de diverses assemblées] d’avoir un grand soin de bien faire élever la jeunesse […] afin que dans la suite ils puissent être emploiés au saint Ministère[66] ». Entre 1555 et 1562, Genève envoie environ 200 missionnaires pour soutenir le développement des communautés protestantes françaises[67]. La période des guerres de religion ne facilite pas la tâche des protestants français toujours dépourvus d’une académie où des pasteurs pourraient être formés. En 1577, l’article 15 de l’édit de Poitiers autorise les « escolliers » réformés à être « instruictz es universitez, colleiges et escolles[68] ». Le synode national organisé à Sainte-Foy-la-Grande l’année suivante exhorte les provinces à « dresser des Écoles[69] » toujours dans l’objectif d’instruire la jeunesse en vue de préparer certains à devenir ministre. La catéchisation des enfants apparaît ainsi primordiale pour l’avenir des Églises réformées de France.

            L’association du catéchisme à l’enfance n’est pas nouvelle, mais plus qu’aux jeunes garçons et filles, les catéchismes s’adressaient à tous suivant leur capacité d’apprentissage. En 1561, Pierre Viret débute son adresse aux lecteurs par une métaphore sur le remplissage d’un « vaisseau » et la nécessaire attention à la forme et à la capacité de celui-ci[70]. En d’autres termes, il est vain selon le pasteur de prétendre enseigner aux simples fidèles sans considérer leur âge et leur capacité d’apprentissage. La pratique n’est pas nouvelle, déjà Luther cible des publics précis en rédigeant un Petit et un Grand catéchisme : les enfants et les ignorants d’une part, les catéchistes d’autre part. Cette attention au public s’observe aussi au siècle suivant lorsqu’Abraham Colignon écrit en 1628 que le « bon berger […] prend garde à chaque brebis ». Cette attention concerne aussi le chef de famille, lequel doit s’accommoder « à la capacité de ses enfants, & serviteurs » et, de manière générale, s’adresse à « tous ceux qui ont charge de personnes[71] ». Lors du dernier synode national en 1659, les Églises sont encouragées à continuer les sermons du catéchisme en veillant « à la capacité des plus faibles[72] ».

            Cette attention constante aux capacités des fidèles sur la période s’observe par une diversification des formes et des temps du catéchisme sous le régime de l’édit de Nantes. Les sources institutionnelles témoignent de la variété des pratiques locales. Pour l’ensemble de la communauté, le dimanche est le jour dévolu au sermon le matin et à l’explication du catéchisme l’après-midi dans les Églises les plus importantes. Lors des semaines précédant la cène, les pasteurs organisent des catéchismes généraux chaque dimanche, parfois renforcés par des catéchismes en semaine comme à Nîmes[73], afin de préparer et de vérifier l’instruction religieuse des fidèles. Une illustration de ce temps de préparation à destination des enfants et des adultes admis à communier est donnée par la correspondance d’Elisabeth de Nassau avec sa sœur la duchesse de La Trémouille. Elisabeth lui écrit qu’elle ne se sent pas prête à communier en dépit des deux catéchismes donnés la semaine passée par le ministre Pierre du Moulin : « Il y a grand plaisir à l’escouter, mais je dis tousjours mon coeur que sy vous estiés ycy, je ferois bien mieux mon profit et que nous répetterions ensemble ce que nous en aurions retenu et que vostre bonne mémoire et plus ententive atension supléra à mes défaux[74]. » La préparation collective au sein de l’espace privé souhaitée par la duchesse de Bouillon témoigne d’une pratique dont l’origine est peut-être enfantine mais dont la poursuite à l’âge adulte conserve toute sa pertinence afin d’être admis à la cène.

            Cette pratique enfantine a en effet pu être développée à l’école ou auprès d’un précepteur. Une partie des enfants apprenaient les fondamentaux dans de petites écoles puis poursuivaient leur apprentissage dans les collèges. Au sein de ces établissements, les écoliers recevaient des cours de catéchisme : le mercredi et le samedi au collège de Montauban[75] et le jeudi à Saverdun, au sud de Toulouse, par exemple[76]. À Montauban, les écoliers débutaient leur instruction religieuse avec le Petit catéchisme de Théodore de Bèze dans la septième et la sixième classe puis la poursuivait avec le catéchisme de Calvin à partir de la cinquième classe[77]. En effet, les catéchismes pouvaient s’adresser aux seuls enfants. En 1632, A. Du Pan écrit que certains « peuvent manger de la viande solide, mais aussi qu’il y a des petis enfans, il faut avoir du laict pour boire, afin que chacun soit nourri selon sa capacité[78] ». Le champ lexical de l’alimentation permet à Du Pan de montrer le caractère progressif de la catéchèse. Tous les catéchismes ne sont donc pas adaptés aux enfants. Il s’agit par ailleurs de se prémunir du lait romain « aigre & gasté[79] ». Il existe ainsi de petits catéchismes à destination des enfants ou de leurs enseignants, autant chez les catholiques, par exemple le Catechismus minimus de Pierre Canisius, que chez les protestants, le petit catéchisme de Philippe Le Noir[80].

            D’autres manuels sont plus exigeants, certains exemplaires témoignent d’une lecture « plume à la main » c’est-à-dire l’inscription lors de la lecture d’annotations sur l’imprimé qui sont autant de traces de leurs pratiques de lecture[81]. L’exemplaire conservé à Dresde du catéchisme de Paul Ferry[82] est richement annoté par un lecteur inconnu suivant un code graphique composé de dièses, de nota bene et d’accolades[83]. Parfois, ce lecteur paraphrase en marge les idées développées par Ferry[84]. Il en est de même pour les références explicitement citées par ce dernier[85]. Le lecteur ne se contente pas de reprendre en marge : il relie les idées entre elles en indiquant les pages auxquelles il faut retourner afin de naviguer aisément dans le manuel[86]. Cette lecture savante doit permettre au lecteur de revenir facilement aux passages qui intéressent son étude, de confronter le raisonnement avec les sources utilisées et in fine de réaliser une étude critique du catéchisme du pasteur.

            Si nous débutions cette partie en évoquant le lien réel entre le genre catéchétique et l’enfance, le catéchisme est en réalité un genre de tous les âges se prêtant autant à un enseignement rudimentaire qu’à une lecture attentive et critique. Le catéchisme est une affaire de tous, des enfants aux adultes, des moins sachants aux plus instruits.

            En conclusion, l’étude des imprimés du catéchisme réformé met en évidence un genre littéraire pluriel, bien que faiblement représenté au regard de la production catholique ou des autres genres protestants. L’étude diachronique des imprimés catéchétiques sur plus d’un siècle permet d’observer ses permanences d’un côté, le manuel de Calvin demeurant une référence sur la période, et ses changements de l’autre, le XVIIe siècle marquant une perte d’influence du catéchisme de 1542 au profit d’une variété de catéchismes. Pourtant, si la place de l’ouvrage de Calvin semble s’affaiblir, il faut le nuancer au regard de son importance dans le sud du royaume de France. Il n’en reste pas moins que l’accroissement de la diversité des catéchismes en circulation ouvre la voie à une étude sociale de leurs auteurs et à la nature de leurs liens. La prosopographie et l’analyse de réseaux pourraient se révéler fécondes à cet égard afin d’identifier clairement le positionnement des catéchistes au sein de leur groupe socio-professionnel. En outre, l’analyse lexicométrique appliquée au genre catéchétique pourrait contribuer à enrichir notre connaissance des désaccords théologiques entre les réformés tels qu’ils pourraient se manifester dans une littérature accessible à tous. C’est bien là l’importance du catéchisme dont notre étude montre la variété des objectifs et des publics. S’il est envisagé à l’origine par Calvin comme un retour à la pratique du christianisme primitif, il est avant tout une instruction, parfois difficile à exposer pour les catéchistes, quels que soient les publics, qu’ils soient composés d’enfants ou d’adultes, d’ignorants ou de sachants. Cela semble d’autant plus vrai que les types de catéchismes couvrent l’ensemble de la vie religieuse des réformés : du culte dominical à la préparation à la cène en passant par la confrontation avec les adversaires confessionnels. Néanmoins, les enfants et les adultes envisagés comme publics ne sont pas à opposer tant le niveau de maîtrise des préceptes calvinistes ne dépend pas uniquement de l’âge. L’exemple d’Elisabeth de Nassau a de même montré la difficulté d’un savoir en apparence rudimentaire, l’inquiétude qui en résulte à l’approche de la cène, et la permanence de pratique enfantine à l’âge adulte. Les conclusions et les pistes de recherches proposées révèlent la place occupée par le catéchisme dans la vie sociale, culturelle et religieuse des protestants de l’époque moderne, et par conséquent, la nécessité de multiplier les études sur cet objet.

[1] Viret Pierre, « A tous fideles lecteurs, Pierre Viret desire grace & paix par Iesus Christ », Brief sommaire de la doctrine chrestienne, fait en forme de dialogue, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.
[2] Cet article s’appuie sur notre mémoire de master 2 soutenu à l’Université d’Angers sous la direction de Didier Boisson en juin 2022.
[3] GILMONT Jean-François, « Chapitre 8. Réformes protestantes et lectures » in CAVALLO Guglielmo et CHARTIER Roger (dirs.), Histoire de la lecture dans le monde occidental, Seuil, Paris, 1997, p. 249-278.
[4] Krumenacker Yves et Noguès Boris (dir.), Protestantisme et éducation dans la France moderne, LARHRA, Lyon, 2014.
[5] Millet Olivier, « Rendre raison de la foi : le catéchisme de Calvin (1542) » in Colin Pierre (éd.), Aux origines du catéchisme en France, Desclée, Paris, 1989, p. 203.

[6] Boisson Didier (éd.), Actes des Synodes Provinciaux. Anjou-Touraine-Maine (1594-1683), Droz, Genève, 2012, p. 183.

[7] AYMON Jean, Tous les synodes nationaux des eglises reformées de France…, t. 2, Charles Delo, La Haye, 1710, p. 98.

[8] Bost Hubert, « Les catéchismes réformés du XVIIe siècle » in Fragonard Marie-Madeleine et Peronnet Michel (éd.), Catéchismes et Confessions de foi, Montpellier, Université de Paul Valéry – Montpellier III, 1995, p. 92.
[9] Mentzer Raymond A, « Chapitre VII. Les catéchismes imprimés et l’instruction religieuse dans les églises réformées de France » in La construction de l’identité réformée aux XVIe et XVIIe siècles : le rôle des consistoires, Champion, Paris, 2006, p. 194.
[10] Ferrer Véronique, Exercices de l’âme fidèle. La littérature de piété en prose dans le milieu réformé francophone (1524 – 1685), Droz, Genève, 2014. ; Desgraves Louis, Répertoire des ouvrages de controverse entre catholiques et protestants en France (1598-1685), 2 vol., Droz, Genève, 1984-1985.

[11] Une traduction compte pour un titre. Les variantes de titres d’une même édition ne sont pas différenciées. Enfin, les titres inconnus présents dans les recueils sont considérés s’ils comportent une page de titre. Ainsi, nous mettons de côté le catéchisme de Joseph Hall, présent dans le recueil de Pierre Chouet, dont nous ne connaissons pas d’édition antérieure.
[12] Dhôtel Jean-Claude, Les origines du catéchisme moderne, Aubier, Paris, 1967, p. 438-450.
[13] Carbonnier-Burkard Marianne, « Les pasteurs français auteurs d’une littérature d’édification, au XVIIe  siècle », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme [BSHPF désormais], vol. 156, 2010, p. 38.
[14] Aymon Jean, Tous les…, op. cit., t. 1, p. 179.

[15] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes nationaux : Charenton (1644) – Loudun (1659), Droz, Genève, 2012, p. 207.

[16] Aymon Jean, Tous les…, op. cit., t. 1, p. 179. S’agissant de l’usage du pluriel pour « catéchismes », il semble bien que cela soit l’une des erreurs de Aymon, en particulier lorsque l’on compare avec : Quick John, Synodicon in Gallia Reformata : Or the Acts Decisions, Decres, and Canons Of those Famous National Councils of the Reformed Churches in France, t. 1, Thomas Parkhurst et Jonathan Robinson, Londres, 1692, p. 139. ; Pour les défauts d’Aymon, voir : Roussel Bernard et Deyon Solange, « Pour un nouvel « Aymon ». Les premiers Synodes nationaux des Églises réformées en France (1559-1567) », BSHPF, vol. 139, 1993, p. 545-595.
[17] D’Espagne Jean, Shibbóleth, ou, reformation de quelques passages és Versions Françoise & Angloise de la Bible…, Thomas Maxey pour Antoine Williamson, Londres, 1653, p. 130.

[18] « Advertissement », Recueil des principaux catechismes des Eglises Réformées, Pierre Chouet, Genève, 1673, non paginé.

[19] Léonard Julien, « Les pasteurs français au XVIIe siècle : un embourgeoisement ? », Dix-septième siècle, vol. 293, n° 4, 2021, p. 266.

[20] McKee Jane (éd.), Correspondance de Charles Drelincourt et de ses enfants 1620-1703, Champion, Paris, 2021, p. 106.

[21] Richard Robert et Vatinel Denis, « Le Consistoire de l'Église réformée du Havre au XVIIe siècle : les pasteurs (Etude sociale) », BSHPF, vol. 127, 1981, p. 46.

[22] Drelincourt Charles, Catéchisme ou instruction familiere, sur les principaux poincts de la Religion Chrestienne, Nicolas Bourdin, Louis Périer et Anthoine Cellier, se vend à Charenton, 1642. ; Fauquembergue Jean de, Cathechisme qui propose l'abregé du vray cristianisme ; confirmé par des passages de l'Ecriture Sainte, Pierre Cailloué, Rouen, [1662-1679].
[23] Rivet André, Sommaire et abbrege des controverses…, Héritiers de Jérôme Haultin, La Rochelle, 1608. ; Du Moulin Cyrus, Catechisme auquel les controuerses de ce temps sont briefuement decidees par la parole de dieu, François Chayer, Sedan, 1649.
[24] Laplanche François, Orthodoxie et prédication. L’oeuvre d’Amyraut et la querelle de la grâce universelle, PUF, Paris, 1965.
[25] Carbonnier-Burkard Marianne, « Un manuel de consolation au XVIIe siècle : les Visites charitables du pasteur Charles Drelincourt », BSHPF, vol. 157, 2011, p. 334.
[26] Léonard Julien, Être pasteur au XVIIe siècle. Le ministère de Paul Ferry à Metz (1612 – 1669), PUR, Rennes, 2015, p. 95-125.

[27] Fornerod Nicolas, « Le refuge des gens d’Église catholiques à Genève (1600 – 1620) », Revue de l’histoire des religions, n° 232, 2015, p. 9‑36.
[28] McKee Jane, Correspondance…, op. cit., p. 129.
[29] Deschamps Charles, Catechisme ou Sommaire instruction contenant les principaux points de la religion chrestienne, s.n., s.l., 1644.
[30] Richard Robert et Vatinel Denis, « Le Consistoire… », art. cit., note 178, p. 47.
[31] Fauquembergue Louis de, Catechisme ou instruction de la religion chrestienne…, 6e éd., Pierre Chouet, Genève, 1673.
[32] Nous remercions Philippe Chareyre de nous avoir transmis ces informations biographiques.
[33] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes…, op. cit., p. 244-247.
[34] Dieleman Margreet, Le baptême dans les Églises réformées de France (vers 1555-1685) : un enjeu confessionnel. L’exemple des provinces synodales de l’Ouest, thèse de doctorat sous la direction de Boisson Didier, Université d’Angers, 2018, p. 309.
[35] Chareyre Philippe, « Chapter Four. “Maudit est celui qui fait l’oeuvre du Seigneur lâchement”. Les pasteurs face à la censure » in Mentzer Raymond, et al. (dir.), Dire l'interdit : the vocabulary of censure and exclusion in the early modern Reformed tradition, Brill, Leyde, 2010, p. 65-87.
[36] Bost Hubert, « Les catéchismes… », Fragonard Marie-Madeleine et Peronnet Michel (éd.), Catéchismes…, op. cit., p. 123-144.

[37] Neyrinck Axelle, « Le lien de caritas dans la société chrétienne médiévale et la justification du baptême des enfants en bas-âge », L’Atelier du Centre de recherches historiques, n° 15, 2015, non paginé.
[38] Fatio Olivier (éd.), Confessions et catéchismes de la foi réformée, 2e éd., Labor et Fides, Genève, 2005 (1986), p. 29.

[39] Id., questions 333 et 357 p. 97 et 103.

[40] Viret Pierre, « Pierre Viret aux lecteurs, Salut. », Exposition familiere des principaux poincts du catechisme et de la doctrine chrestienne faicte en forme de dialogue, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.
[41] Viret Pierre, « Dedicace à l’Eglise de Lausanne » in Sommaire des principaux poincts de la foy et religion chrestienne, et des abus et erreurs contraires à iceux, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginée. La dédicace est signée du 1er juin 1558.

[42] Viret Pierre, « A tous fideles lecteurs… » in Brief sommaire…, op. cit., Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.
[43] Viret Pierre, Instruction chrestienne en la doctrine de la loy et de l'Evangile…, Jean Rivery, Genève, 1564.

[44] Guéneau Yves, « L’inventaire de la Bibliothèque de l’Église Réformée d’Issoudun en Bas-Berry au XVIIe siècle », BSHPF, vol. 131, 1985, p. 92.

[45] Cf. note 3.

[46] Bourgoing François, Paraphrase ou briefve explication sur le catechisme tel qu'il est aujourd'hui reçu en l'Eglise Réformée, Symphorien Barbier pour Sébastien Honorat, Lyon, 1564.
[47] Girard Pierre, « Préface » in La fleur de la théologie, Denis Haultin, Montauban, 1600, non paginée.

[48] Du Pan Abraham, « A tres-illustre et tres-puissant Prince Henry de Rohan » in Exposition du catechisme qui s'enseigne en l'Eglise de Geneve, contenant cinquante-cinq sections…, Jacques Planchant et Estienne Voisin, Genève, 1632, non paginé.
[49] Bourgoing François, « Aux Lecteurs… » in Paraphrase…, op. cit., p. 5.

[50] Amyraut Moïse, Apologie pour ceux de la Religion, Jean Lesnier, Saumur, 1647, p. 310-311.

[51] Amyraut Moïse, « Au Lecteur » inDeux sermons…, op. cit., p. 115.

[52] Chevalier Françoise, Prêcher sous l’édit de Nantes. La prédication réformée au XVIIe siècle en France, Labor et Fides, Genève, 1994, p. 11.

[53] Grosse Christian, « “Le mystère de communiquer à Jésus-Christ”. Sermons de communion à Genève au XVIe siècle » in Arnold Matthieu, Annoncer l'Évangile, (XVe – XVIIe siècle). Permanences et mutations de la prédication, Les Editions du Cerf, Paris, 2006, p. 162.
[54] Id.
[55] Perreaux Jean, Catéchisme ou formulaire d'instruction pour ceux qui se préparent à faire la Ste-Cène, Estienne Potet, se vend à Bionne, 1650.

[56] L’ABC françois, Jean Crespin, [Genève], 1551, p. 44-47.

[57] Candidus Pantaleon, Chandieu Jean de (trad.), Chrestienne et necessaire exposition du catechisme, tirée de la Parolle de Dieu et dressée par demandes et responses, Jean Le Preux, Genève, 1588.
[58] Chichkine Vladimir et Gellard Matthieu, « Les relations entre la cour de France et les princes allemands pendant les guerres de Religion, d’après les autographes français du fonds Dubrovsky à Saint-Pétersbourg », Francia, vol. 44, 2019, p. 295-307.
[59] Candidus Pantaleon, Chandieu Jean de (trad.), « A monseigneur et tresillustre prince monseigneur Jean conte Palatin du Rhin » in Chrestienne et nécessaire…, op. cit., p. 3.
[60] Carbonnier-Burkard Marianne, « Un manuel… », art. cit., note 9, p. 333.

[61] Dhôtel Jean-Claude, Les origines…, op. cit., p. 205.

[62] Baile Guillaume, « A monseigneur l’illustrissime reverendissime Cardinal de Sourdis » in Catéchisme et abbrégé des controverses de nostre temps, touchant la Religion, nv. éd., S[imon] Millanges, Bordeaux, 1608, p. 3.
[63] La Vallade Pierre de, Brève response à un certain escrit intitulé : « Catéchisme et abbrégé des controverses de nostre temps, touchant la religion catholique », Pierre Petit-Jean, Fontenay-le-Comte, 1608 ; Rivet André, Sommaire…, op. cit.; Thomson George, La chasse de la beste romaine…, Pierre Petit-Jean, Fontenay-le-Comte, 1608.
[64] Cf. note 22.

[65] CH AEG Consistoire R 12, f. 39.

[66] Id., p. 22.

[67] Boisson Didier et Daussy Hugues, Les protestants dans la France moderne, Belin, Paris, p. 61.

[68] Barbiche Bernard (dir.), « VIII. Paix de Bergerac. Edit de Poitiers. », L’édit de Nantes et ses antécédents (1562-1598), consulté le 27/02/2024, disponible sur : http://elec.enc.sorbonne.fr/editsdepacification/.
[69] Id., p. 126.

[70] Viret Pierre, « Pierre… » in Exposition…, op. cit., p. 1.

[71] Colignon Abraham, Timothée ou de la manière de bien honorer Dieu, Pierre Aubert, Genève, 1628, p. 440 ; p. 442-443.

[72] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes…, op. cit., p. 202.

[73] Chareyre Philippe, « Consistoire et catéchèse : l’exemple de Nîmes XVIe – XVIIe siècles », Fragonard Marie-Madeleine et Péronnet Michel, Catéchismes…, op. cit., p. 405.

[74] TULOT Jean-Luc (éd.), Correspondance d’Elisabeth de Nassau duchesse de Bouillon à sa soeur Charlotte-Brabantine, duchesse de La Trémoille. Années 1619-1622, p. 111.

[75] Chamier Daniel, Read Charles (éd.), Journal de son voyage à la cour de Henri IV en 1607 et sa biographie, Slatkine, Genève, 1858, art XXVIII p. 139.
[76] BPF, ms 570-2, f°156v.
[77] Bèze Théodore de, Petit Catechisme, c’est a dire, sommaire instruction de la religion chrestienne, Chez Jean Durant, [Genève], 1575. ; Chamier Daniel, Read Charles (éd.), Journal…, op. cit., p. 137-139.
[78] Du Pan Abraham, « Preface au Lecteur » in Exposition…, op. cit., non paginée.

[79] Id.

[80] Le Noir Philippe, Catéchisme familier par dem. et rép., pour l'usage des petits enfans, 6e éd., Jean Antoine Chouet, Genève, 1683.

[81] Chapron Emmanuelle, « Lire plume à la main. Lire et écrire à l’époque moderne à travers les ouvrages annotés du fonds ancien du Centre culturel irlandais de Paris », Revue française d’histoire du livre, vol. 131, 2010, p. 45-68.
[82] FERRY Paul, Catechisme général de la réformation de la Religion, presché dans Metz, par Paul Ferry, François Chayer, Sedan, 1654.
[83] Ibid., p. 121.
[84] Ibid., p. 115.
[85] Ibid., p. 30.
[86] Ibid., p. 41.

            Il est communément admis que l’imprimerie a été l’un des facteurs favorisant la diffusion des nouvelles idées protestantes au cours du XVIe siècle[1][2][3]. En prenant aussi en compte le principe de sola scriptura et des liens particuliers entre Réforme et éducation[4], il ne semble pas surprenant que les protestants soient les premiers à mettre en livre des catéchismes auparavant réservés à l’oralité. Ils prennent la forme d’une instruction rudimentaire des principes de la foi chrétienne organisée en une suite de couples de question-réponse. Les plus célèbres sont les catéchismes de Luther (1529) et de Calvin (1537 et 1542). Le second manuel de Calvin est imprimé à Genève puis diffusé massivement avec les autres textes réformés vers le royaume de France à partir des années 1550. Il est le catéchisme de référence pour les Églises réformées de France.

            S’il conserve ce statut jusqu’à la Révocation en dépit des critiques émises envers sa complexité[5], certains enseignants et certains auteurs, ou catéchistes, se sont permis d’écrire et d’enseigner à partir d’autres catéchismes. En 1607, le synode provincial d’Anjou-Touraine-Maine ordonne de ne pas exposer « publiquement aux enfans aultres catechismes que celui [de Calvin] qui a esté receu des églises[6] ». Il faut attendre une décision du synode national en 1617 pour que la voie à la publication et à l’usage d’autres catéchismes soit ouverte : « l’Exposition qui s’en fera dans le Discours des Pasteurs […] est laissée à la Liberté des Consistoires[7]. » Il est désormais permis d’interpréter le catéchisme à condition de respecter la doctrine contenue dans le manuel de Calvin. Certains pasteurs et quelques laïcs s’emparent alors du genre pour proposer leur manuel sans pour autant chercher à le substituer à celui de Calvin[8]. Ces catéchismes et leurs auteurs n’ont pour le moment jamais bénéficié d’une étude « systématique et exhaustive[9] », l’attention s’étant davantage portée sur les littératures de piété et de controverse[10]. À partir d’un corpus de catéchismes francophones imprimés en France (Orange, Sedan et Metz compris) et en Suisse romande entre 1542 et 1685, il s’agit de mettre en évidence les causes pédagogiques à l’origine de la diversification de ces manuels. Pour y parvenir, nous proposons d’identifier les catéchistes, de questionner leurs pratiques d’écritures et de déterminer les publics envisagés à la fois comme destinataires et acteurs d’un genre a priori accessible à tous.

Être catéchiste, une affaire de pasteur

            Au cours de nos recherches, nous avons retrouvé 170 éditions imprimées en France et en Suisse romande sur la période retenue. Le corpus est ainsi constitué de 44 titres écrits par 37 catéchistes différents[11]. Les manuels de catéchisme protestant en langue française sont ainsi relativement peu nombreux en comparaison des 130 titres catholiques publiés sur la même période[12]. Il en est de même au regard d’autres genres réformés comme la littérature de piété, comptant pas moins de 200 titres en français recensés par M. Carbonnier-Burkard pour le seul XVIIe siècle[13].

            La faiblesse du genre catéchétique pourrait s’expliquer par la référence que constitue le manuel de Calvin aux XVIe et XVIIe siècles. À son sujet, le synode national tenu à Montauban en 1594 a « résolu qu’on le retiendra, & qu’il ne sera pas permis auxdits Ministres d’en exposer un autre[14] ». Lors du dernier synode national en 1659, les députés réunis à Loudun « défend[ent] à toutes sortes de personnes de faire imprimer et joindre avec la liturgie et le catechisme ordinaire [celui de Calvin] d’autres catechismes ni d’autres prieres[15] ». Cette décision témoigne du statut particulier du Psautier. Ce recueil liturgique contient les psaumes, les prières et le catéchisme de Calvin que chaque protestant doit apporter au temple selon le synode national de 1581. À cette occasion, il avertit « aussi les Imprimeurs de la Religion, de ne séparer point les Prières ni les Catechismes, d’avec les Psaumes[16] ». Le Psautier est un cas à part en ce qu’il contient les textes de référence nécessaires à la vie religieuse des réformés. Les autres catéchismes publiés n’y ont pas leur place. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé de recueil de catéchismes imprimé en France réunissant le catéchisme de Calvin avec d’autres manuels. Le statut d’exception du catéchisme de 1542 apparaît d’autant plus ici sans que cela signifie l’absence de toutes critiques. En 1653, le pasteur de l’Église française de Londres, Jean d’Espagne, n’hésite pas à écrire que le catéchisme des réformés français est « defecteux en plusieurs poincts[17] ».

            Au XVIIe siècle, la catéchèse réformée française se diversifie : 25 catéchistes exerçant en France publient leur manuel au cours du siècle. La répartition provinciale des pasteurs de notre corpus montre que onze provinces synodales accueillent au moins un pasteur au moment de la publication de son catéchisme. Les provinces dépourvues de catéchiste sont au nombre de cinq : le Bas-Languedoc, le Velay-Forez-Vivarais, la Basse-Guyenne, la Provence et les Cévennes. Cette sous-représentation des pasteurs catéchistes dans la moitié Sud du royaume, alors même que la majorité des protestants vivent dans le « croissant réformé » du Poitou au Dauphiné, est paradoxale. Est-ce qu’elle peut s’expliquer par un usage bien ancré des manuels genevois de Calvin et de Théodore de Bèze dans le Sud du royaume ? Dans son recueil de 1673, Pierre Chouet explique que la présence des catéchismes de Calvin et de Bèze est due à l’« approbation publique » dont ils bénéficient dans tout le royaume[18]. Au cœur du protestantisme français, de Montauban à Annonay, seul Pierre Girard est l’auteur d’un catéchisme, plus exactement d’un commentaire du manuel de Calvin. Le reste des manuels du recueil de Pierre Chouet provient de catéchistes en exercice dans la moitié Nord du royaume.

            La proximité géographique des pasteurs auteurs d’un catéchisme se renforce par des relations familiales ou extra-familiales constituées au sein de ce groupe socio-professionnel dont il nous manque encore une prosopographie[19]. Nous pouvons mettre en évidence un réseau de catéchistes dont le nœud central semble être constitué par la relation entre Charles Drelincourt et André Rivet. Leur correspondance met en évidence les stratégies de carrière déployées afin de placer deux jeunes pasteurs, Cyrus du Moulin et Jean de Fauquembergue, au poste de ministre d’une Église prestigieuse[20]. Le premier est le neveu de Rivet tandis que le second, placé avec succès à Dieppe durant l’été 1636, devient le neveu par alliance de Drelincourt à l’été suivant par son mariage avec Elisabeth Le Pin[21].

            Ce resserrement familial entre ces pasteurs fruit d’un lien professionnel ne doit pas occulter la proximité religieuse, et donc catéchétique, des acteurs susmentionnés. Les manuels de Drelincourt et de son neveu par alliance sont proches sur le plan doctrinal[22] tandis que Rivet et son neveu ont tous les deux publié un catéchisme de controverse[23]. Ces manuels visent à instruire et armer les fidèles sur les points de controverse entre catholiques et protestants. Plus généralement, les désaccords théologiques entre les académies de Saumur et de Sedan se retrouvent dans le cercle de sociabilité Drelincourt-Rivet plutôt proche du parti orthodoxe de la seconde. En effet, Drelincourt et du Moulin sont formés à Sedan, le premier étudie aussi à Saumur sans embrasser les thèses de Moïse Amyraut[24]. Cette double fréquentation pourrait expliquer la recherche d’apaisement dans ce conflit par Drelincourt[25].

            L’intérêt porté aux relations pastorales du pasteur Drelincourt permet aussi d’observer des brebis galeuses au sein des liens familiaux ou extra-familiaux de celles-ci. Si les pasteurs se doivent d’être des modèles à suivre pour les fidèles en faisant de leur vie un exemple, tel Paul Ferry[26], d’autres s’éloignent de cet idéal par leurs actes. Le pasteur Charles Deschamps, nommé à Dieppe au détriment de Cyrus du Moulin, est un plagiaire interdit de prêcher peu après son élection par le synode national d’Alençon en 1637[27]. Drelincourt est par ailleurs très critique à son égard[28]. Deschamps publie un catéchisme en 1644 à Lausanne où il exerce désormais son ministère[29]. Le cas de Louis de Fauquembergue, possible frère de Jean[30], intrigue puisqu’il publie son catéchisme sous couvert d’anonymat en 1632 et ne révèle son identité qu’à partir de la cinquième édition publiée en 1656[31]. La signature de la dédicace à Elisabet de Bidache, plus connue sous le nom d’Elisabeth Hamilton, apparentée aux Stuarts et non-protestante[32], marque la rupture de l’anonymat. En faisant ce choix, L. de Fauquembergue a peut-être recherché une alliée en vue d’un exil au regard de ses démêlés avec le synode d’Île-de-France depuis 1649. Ils prennent fin en 1659 à la suite d’une décision du synode national de Loudun consistant à transmuer sa peine d’excommunication en suspension de six mois du ministère[33]. L. de Fauquembergue finit cependant par apostasier vers 1667[34]. Son apostasie constitue un échec dans l’action de conservation de la communauté menée par les autorités ecclésiastiques[35]. Malgré ces affaires, les catéchismes de Deschamps et de L. de Fauquembergues ne sont pas des échecs éditoriaux et témoignent peut-être d’une autre conception de l’instruction religieuse distincte des relations pastorales impliquants Drelincourt. À cet égard, leurs catéchismes font partie, avec ceux de Drelincourt et du Moulin, du recueil de Pierre Chouet composé dans une perspective pédagogique encourageant la comparaison de divers catéchismes ayant rencontré pour la majorité un certain succès éditorial[36].

Écrire pour instruire, édifier, controverser et commenter

            La diversité des manuels dont témoigne le recueil de Pierre Chouet invite à se pencher sur les pratiques d’écritures des catéchistes pour tenter d’établir une première typologie des catéchismes réformés de l’époque moderne. Si l’on en croit l’épître au lecteur du catéchisme de 1542, Calvin cherche à réactiver la catéchèse de l’Église primitive. Pour le Réformateur, c’est la décision prise par l’Église du Haut Moyen Âge de généraliser le baptême aux petits enfants qui a rendu cette pratique obsolète[37]. À l’origine, la catéchèse était pensée comme une préparation au baptême, le sacrement de la confirmation, une « singerie, sans aucun fondement » pour Calvin, en est un reliquat[38]. Calvin entend réactualiser le catéchisme en l’envisageant à la fois comme une formation permettant de confirmer la promesse du baptême lorsque l’enfant atteint l’âge de raison et comme une préparation en vue de la cène[39]. Il pense l’articulation des deux sacrements protestants par l’intermédiaire du catéchisme. L’instruction religieuse est envisagée dans la perspective sacramentelle. Ainsi, Calvin ne se considère pas en innovateur mais se positionne contre la catéchèse pratiquée par l’Église de Rome en se revendiquant comme véritable descendant du christianisme originel.

            Les manuels de catéchisme sont ainsi le plus souvent rédigés dans le but de fournir aux chrétiens les éléments fondamentaux à connaître pour mener à bien leur vie religieuse. Durant la décennie 1550 et au début de la suivante, le pasteur Pierre Viret entreprend l’écriture d’un programme catéchétique progressif. Il est présenté au sein du troisième livre l’Exposition familiere publié en 1561[40]. En trois ouvrages, qui sont autant de classes d’un cursus scolaire, Viret cherche à faire progresser par étapes les fidèles vers la connaissance de la foi chrétienne. Le premier dans l’ordre de publication est le Sommaire en 1558 dont l’objectif est d’instruire les Lausannois[41]. Au sein de la préface, le pasteur suisse annonce son Brief sommaire à paraître. Ce petit catéchisme, publié la même année, est à destination des moins instruits afin de les préparer aux catéchismes « de nostre temps ». Pour Viret, une offre plurielle de manuels ouvre à chacun la possibilité de choisir l’ouvrage « le plus convenable pour soy[42] ». Les trois ouvrages sont réunis à l’Instruction chrestienne dans une réédition de 1564[43]. Cette somme se veut accessible tout en visant à conclure l’apprentissage élaboré par Viret. La diffusion de ces catéchismes semble relativement limitée puisqu’ils ne sont jamais réimprimés après 1564. Une édition de l’Exposition datée de 1564 est détenue par la bibliothèque du consistoire d’Issoudun en Bas-Berry lors de l’inventaire dressé en 1679[44]. Ce programme représente un cas unique de notre corpus et un complément à la référence constituée par le manuel de Calvin dont la difficulté conduit rapidement les pasteurs à en proposer un commentaire.

            Rédigés par des ministres pour des ministres, les commentaires de catéchisme sont des outils à l’usage des catéchistes pour la compréhension et l’explication des manuels de référence. Le catéchisme de Calvin est le seul manuel réformé à avoir été commenté en France et en Suisse romande. Il n’a pas tardé à l’être en raison tant de son statut de manuel officiel que de sa complexité pour un public peu instruit[45]. En effet, le pasteur François Bourgoing publie en 1564 sa Paraphrase qui devient une référence[46]. En 1600, Pierre Girard dans la préface de La fleur de la théologie écrit : « si je ne disois que je me fusse servi des labeurs de ceux qui m’ont procédé mesme celuy de Bourgoing duquel j’ay tiré ce que je pensois servir à mon travail, on me reputeroit glorieux[47]. » Ce propos de Girard semble confirmer le statut particulier du commentaire de Bourgoing autant parce qu’il le cite explicitement que parce qu’il semble moins acceptable de se priver des travaux de Bourgoing pour un tel ouvrage. De même, Abraham du Pan confirme ce constat en 1632 dans la dédicace de son Exposition en écrivant que Bourgoing a « travaillé heureusement […] sur nostre Catechisme[48] ». Le commentaire de Bourgoing reprend l’ordre des questions-réponses du manuel de Calvin sans en ajouter ou en retrancher un seul couple. Il ne s’agit pas de modifier le catéchisme de référence mais de proposer à « ceux qui ont la charge d’administrer la Parole en ce Royaume […] quelque soulagement ou prompt secours en ceste briefve explication[49] ». La vocation de ces commentaires était de soutenir la préparation de l’explication de section du catéchisme le dimanche après-midi au temple.

            Dans son Apologie pour ceux de la Religion, le pasteur saumurois Moïse Amyraut présente le catéchisme organisé le dimanche après-midi dans les Églises « un peu populeuses » de France[50]. D’après lui, le catéchiste choisit une section à faire réciter aux enfants puis l’expose à l’assemblée chaque dimanche. Chaque année, il peut plus ou moins couvrir l’ensemble du catéchisme de Calvin composé de 55 sections, aussi appelées dimanches. Ces explications du catéchisme sont parfois publiées à l’image de l’exposition de la section 47 par Amyraut consacrée à l’efficacité des sacrements. Comme les autres catéchismes, l’épître au lecteur met en avant la difficulté d’une matière que le pasteur a cherché à éclaircir[51]. L’intérêt de ces sermons imprimés est aussi de percevoir l’oralité exprimée par le pasteur lors de ce temps dominical. En effet, ils sont le plus souvent publiés sans importantes modifications[52]. Pour les fidèles, ces imprimés sont l’occasion de reprendre posément le sermon entendu quelques mois ou années auparavant par leur pasteur ou simplement de comparer avec ceux de leur propre ministre. Ces sermons participent pleinement de l’instruction des fidèles adultes et les amènent vers une connaissance plus approfondie de la religion chrétienne. Écoutés régulièrement tout au long de leur vie, les sermons, tant du matin que de l’après-midi, contribuent à mettre en contact les fidèles avec le divin[53].

            Dans la piété calvinienne, le rapprochement des fidèles avec Dieu passe surtout par le sermon et la célébration de la cène[54]. Le développement d’une littérature de piété ne surprend pas et particulièrement lorsque l’on constate l’existence de catéchismes de préparation à la cène[55]. Ces manuels permettent aux fidèles de préparer le sacrement eucharistique en parallèle de l’assistance aux catéchismes généraux lors des semaines précédant sa célébration au temple. La rareté de ces catéchismes s’explique par l’existence de formulaires de références rédigés dans les premiers temps de la réforme calviniste comme La maniere d’interroguer les enfans qu’on veut recevoir à la Cene de nostre Seigneur Jesus Christ[56]. Une autre raison repose sur le fait que les ouvrages de préparation à la cène, sans être des catéchismes, représentent un sous-genre des livres de piété protestante.

            Par ailleurs, parmi ces catéchismes de piété, nous trouvons le catéchisme de consolation traduit par Jean de Chandieu en 1588[57]. Le commanditaire est le duc des Deux-Ponts, Jean Casimir, dont l’objectif est de soutenir les protestants français autrement que par une intervention militaire comme celle menée en 1568[58]. Le but de ce catéchisme est alors d’apporter consolation aux réformés français embourbés dans la huitième guerre de religion[59]. Ce catéchisme appartient ainsi à la littérature réformée de consolation aux persécutés alors en plein essor dans les centres d’édition de Genève et d’Amsterdam[60]. Il ne s’apparente cependant pas aux manuels de consolation habituels dans la mesure où ce catéchisme doit diffuser la vérité réformée au plus grand nombre afin de suggérer la vitalité du protestantisme. La littérature de consolation cherche autant à rassurer les fidèles malades ou affligés qu’à conforter leur foi puisque d’elle dépend le Salut.

            L’existence du manuel traduit par Chandieu témoigne des temps de guerre de la fin du XVIe siècle. L’édit de Nantes change la nature des affrontements entre catholiques et protestants avec le développement du genre de controverse, dont certains catéchismes reprennent les codes. En effet, la catéchèse catholique innove avec la publication par le jésuite Guillaume Baile du premier catéchisme de controverse en 1607[61]. Cet ouvrage de controverse est bien un catéchisme en raison du public visé par le jésuite dans la dédicace : « afin de fournir d’armes spirituelles aux plus debiles, pour faire teste à nos adversaires, qui à tout pas & rencontre invitent les plus foibles à l’escrime des disputes[62]. » Cet ouvrage reçoit les réponses des ministres Pierre de La Vallade, André Rivet et George Thomson, toutes publiées en 1608[63]. Par la suite, les réformés écrivent d’autres catéchismes de controverse dont le plus connu est celui de Cyrus du Moulin mentionné précédemment[64]. Ce sous-genre devait permettre aux fidèles de s’approprier les éléments de conflits interconfessionnels à partir des fondamentaux appris et répétés depuis l’enfance.

Un genre à destination de tous

            L’instruction religieuse des enfants joue un rôle essentiel dans les premiers temps de la Réforme protestante. À Genève, la mise en place de l’obligation scolaire en 1536 permet de transmettre à tous les enfants les nouvelles idées calvinistes qu’ils véhiculent ensuite dans leur famille. Le 19 avril 1557, Pierre Choux ne parvenant pas à réciter le Credo, le consistoire « luy a deffendu la cene jusques à ce qu’il soyt mieulx instruict et qu’il tasche de se faire instruire à son fils[65] ». En France, la situation précaire des protestants en manque de personnel pour encadrer les communautés naissantes et dresser les Églises conduit le synode national de 1560 à « conseille[r aux représentants de diverses assemblées] d’avoir un grand soin de bien faire élever la jeunesse […] afin que dans la suite ils puissent être emploiés au saint Ministère[66] ». Entre 1555 et 1562, Genève envoie environ 200 missionnaires pour soutenir le développement des communautés protestantes françaises[67]. La période des guerres de religion ne facilite pas la tâche des protestants français toujours dépourvus d’une académie où des pasteurs pourraient être formés. En 1577, l’article 15 de l’édit de Poitiers autorise les « escolliers » réformés à être « instruictz es universitez, colleiges et escolles[68] ». Le synode national organisé à Sainte-Foy-la-Grande l’année suivante exhorte les provinces à « dresser des Écoles[69] » toujours dans l’objectif d’instruire la jeunesse en vue de préparer certains à devenir ministre. La catéchisation des enfants apparaît ainsi primordiale pour l’avenir des Églises réformées de France.

            L’association du catéchisme à l’enfance n’est pas nouvelle, mais plus qu’aux jeunes garçons et filles, les catéchismes s’adressaient à tous suivant leur capacité d’apprentissage. En 1561, Pierre Viret débute son adresse aux lecteurs par une métaphore sur le remplissage d’un « vaisseau » et la nécessaire attention à la forme et à la capacité de celui-ci[70]. En d’autres termes, il est vain selon le pasteur de prétendre enseigner aux simples fidèles sans considérer leur âge et leur capacité d’apprentissage. La pratique n’est pas nouvelle, déjà Luther cible des publics précis en rédigeant un Petit et un Grand catéchisme : les enfants et les ignorants d’une part, les catéchistes d’autre part. Cette attention au public s’observe aussi au siècle suivant lorsqu’Abraham Colignon écrit en 1628 que le « bon berger […] prend garde à chaque brebis ». Cette attention concerne aussi le chef de famille, lequel doit s’accommoder « à la capacité de ses enfants, & serviteurs » et, de manière générale, s’adresse à « tous ceux qui ont charge de personnes[71] ». Lors du dernier synode national en 1659, les Églises sont encouragées à continuer les sermons du catéchisme en veillant « à la capacité des plus faibles[72] ».

            Cette attention constante aux capacités des fidèles sur la période s’observe par une diversification des formes et des temps du catéchisme sous le régime de l’édit de Nantes. Les sources institutionnelles témoignent de la variété des pratiques locales. Pour l’ensemble de la communauté, le dimanche est le jour dévolu au sermon le matin et à l’explication du catéchisme l’après-midi dans les Églises les plus importantes. Lors des semaines précédant la cène, les pasteurs organisent des catéchismes généraux chaque dimanche, parfois renforcés par des catéchismes en semaine comme à Nîmes[73], afin de préparer et de vérifier l’instruction religieuse des fidèles. Une illustration de ce temps de préparation à destination des enfants et des adultes admis à communier est donnée par la correspondance d’Elisabeth de Nassau avec sa sœur la duchesse de La Trémouille. Elisabeth lui écrit qu’elle ne se sent pas prête à communier en dépit des deux catéchismes donnés la semaine passée par le ministre Pierre du Moulin : « Il y a grand plaisir à l’escouter, mais je dis tousjours mon coeur que sy vous estiés ycy, je ferois bien mieux mon profit et que nous répetterions ensemble ce que nous en aurions retenu et que vostre bonne mémoire et plus ententive atension supléra à mes défaux[74]. » La préparation collective au sein de l’espace privé souhaitée par la duchesse de Bouillon témoigne d’une pratique dont l’origine est peut-être enfantine mais dont la poursuite à l’âge adulte conserve toute sa pertinence afin d’être admis à la cène.

            Cette pratique enfantine a en effet pu être développée à l’école ou auprès d’un précepteur. Une partie des enfants apprenaient les fondamentaux dans de petites écoles puis poursuivaient leur apprentissage dans les collèges. Au sein de ces établissements, les écoliers recevaient des cours de catéchisme : le mercredi et le samedi au collège de Montauban[75] et le jeudi à Saverdun, au sud de Toulouse, par exemple[76]. À Montauban, les écoliers débutaient leur instruction religieuse avec le Petit catéchisme de Théodore de Bèze dans la septième et la sixième classe puis la poursuivait avec le catéchisme de Calvin à partir de la cinquième classe[77]. En effet, les catéchismes pouvaient s’adresser aux seuls enfants. En 1632, A. Du Pan écrit que certains « peuvent manger de la viande solide, mais aussi qu’il y a des petis enfans, il faut avoir du laict pour boire, afin que chacun soit nourri selon sa capacité[78] ». Le champ lexical de l’alimentation permet à Du Pan de montrer le caractère progressif de la catéchèse. Tous les catéchismes ne sont donc pas adaptés aux enfants. Il s’agit par ailleurs de se prémunir du lait romain « aigre & gasté[79] ». Il existe ainsi de petits catéchismes à destination des enfants ou de leurs enseignants, autant chez les catholiques, par exemple le Catechismus minimus de Pierre Canisius, que chez les protestants, le petit catéchisme de Philippe Le Noir[80].

            D’autres manuels sont plus exigeants, certains exemplaires témoignent d’une lecture « plume à la main » c’est-à-dire l’inscription lors de la lecture d’annotations sur l’imprimé qui sont autant de traces de leurs pratiques de lecture[81]. L’exemplaire conservé à Dresde du catéchisme de Paul Ferry[82] est richement annoté par un lecteur inconnu suivant un code graphique composé de dièses, de nota bene et d’accolades[83]. Parfois, ce lecteur paraphrase en marge les idées développées par Ferry[84]. Il en est de même pour les références explicitement citées par ce dernier[85]. Le lecteur ne se contente pas de reprendre en marge : il relie les idées entre elles en indiquant les pages auxquelles il faut retourner afin de naviguer aisément dans le manuel[86]. Cette lecture savante doit permettre au lecteur de revenir facilement aux passages qui intéressent son étude, de confronter le raisonnement avec les sources utilisées et in fine de réaliser une étude critique du catéchisme du pasteur.

            Si nous débutions cette partie en évoquant le lien réel entre le genre catéchétique et l’enfance, le catéchisme est en réalité un genre de tous les âges se prêtant autant à un enseignement rudimentaire qu’à une lecture attentive et critique. Le catéchisme est une affaire de tous, des enfants aux adultes, des moins sachants aux plus instruits.

            En conclusion, l’étude des imprimés du catéchisme réformé met en évidence un genre littéraire pluriel, bien que faiblement représenté au regard de la production catholique ou des autres genres protestants. L’étude diachronique des imprimés catéchétiques sur plus d’un siècle permet d’observer ses permanences d’un côté, le manuel de Calvin demeurant une référence sur la période, et ses changements de l’autre, le XVIIe siècle marquant une perte d’influence du catéchisme de 1542 au profit d’une variété de catéchismes. Pourtant, si la place de l’ouvrage de Calvin semble s’affaiblir, il faut le nuancer au regard de son importance dans le sud du royaume de France. Il n’en reste pas moins que l’accroissement de la diversité des catéchismes en circulation ouvre la voie à une étude sociale de leurs auteurs et à la nature de leurs liens. La prosopographie et l’analyse de réseaux pourraient se révéler fécondes à cet égard afin d’identifier clairement le positionnement des catéchistes au sein de leur groupe socio-professionnel. En outre, l’analyse lexicométrique appliquée au genre catéchétique pourrait contribuer à enrichir notre connaissance des désaccords théologiques entre les réformés tels qu’ils pourraient se manifester dans une littérature accessible à tous. C’est bien là l’importance du catéchisme dont notre étude montre la variété des objectifs et des publics. S’il est envisagé à l’origine par Calvin comme un retour à la pratique du christianisme primitif, il est avant tout une instruction, parfois difficile à exposer pour les catéchistes, quels que soient les publics, qu’ils soient composés d’enfants ou d’adultes, d’ignorants ou de sachants. Cela semble d’autant plus vrai que les types de catéchismes couvrent l’ensemble de la vie religieuse des réformés : du culte dominical à la préparation à la cène en passant par la confrontation avec les adversaires confessionnels. Néanmoins, les enfants et les adultes envisagés comme publics ne sont pas à opposer tant le niveau de maîtrise des préceptes calvinistes ne dépend pas uniquement de l’âge. L’exemple d’Elisabeth de Nassau a de même montré la difficulté d’un savoir en apparence rudimentaire, l’inquiétude qui en résulte à l’approche de la cène, et la permanence de pratique enfantine à l’âge adulte. Les conclusions et les pistes de recherches proposées révèlent la place occupée par le catéchisme dans la vie sociale, culturelle et religieuse des protestants de l’époque moderne, et par conséquent, la nécessité de multiplier les études sur cet objet.

[1] Viret Pierre, « A tous fideles lecteurs, Pierre Viret desire grace & paix par Iesus Christ », Brief sommaire de la doctrine chrestienne, fait en forme de dialogue, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.

[2] Cet article s’appuie sur notre mémoire de master 2 soutenu à l’Université d’Angers sous la direction de Didier Boisson en juin 2022.

[3] GILMONT Jean-François, « Chapitre 8. Réformes protestantes et lectures » in CAVALLO Guglielmo et CHARTIER Roger (dirs.), Histoire de la lecture dans le monde occidental, Seuil, Paris, 1997, p. 249-278.

[4] Krumenacker Yves et Noguès Boris (dir.), Protestantisme et éducation dans la France moderne, LARHRA, Lyon, 2014.

[5] Millet Olivier, « Rendre raison de la foi : le catéchisme de Calvin (1542) » in Colin Pierre (éd.), Aux origines du catéchisme en France, Desclée, Paris, 1989, p. 203.

[6] Boisson Didier (éd.), Actes des Synodes Provinciaux. Anjou-Touraine-Maine (1594-1683), Droz, Genève, 2012, p. 183.

[7] AYMON Jean, Tous les synodes nationaux des eglises reformées de France…, t. 2, Charles Delo, La Haye, 1710, p. 98.

[8] Bost Hubert, « Les catéchismes réformés du XVIIe siècle » in Fragonard Marie-Madeleine et Peronnet Michel (éd.), Catéchismes et Confessions de foi, Montpellier, Université de Paul Valéry – Montpellier III, 1995, p. 92.

[9] Mentzer Raymond A, « Chapitre VII. Les catéchismes imprimés et l’instruction religieuse dans les églises réformées de France » in La construction de l’identité réformée aux XVIe et XVIIe siècles : le rôle des consistoires, Champion, Paris, 2006, p. 194.

[10] Ferrer Véronique, Exercices de l’âme fidèle. La littérature de piété en prose dans le milieu réformé francophone (1524 – 1685), Droz, Genève, 2014. ; Desgraves Louis, Répertoire des ouvrages de controverse entre catholiques et protestants en France (1598-1685), 2 vol., Droz, Genève, 1984-1985.

[11] Une traduction compte pour un titre. Les variantes de titres d’une même édition ne sont pas différenciées. Enfin, les titres inconnus présents dans les recueils sont considérés s’ils comportent une page de titre. Ainsi, nous mettons de côté le catéchisme de Joseph Hall, présent dans le recueil de Pierre Chouet, dont nous ne connaissons pas d’édition antérieure.

[12] Dhôtel Jean-Claude, Les origines du catéchisme moderne, Aubier, Paris, 1967, p. 438-450.

[13] Carbonnier-Burkard Marianne, « Les pasteurs français auteurs d’une littérature d’édification, au XVIIe  siècle », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme [BSHPF désormais], vol. 156, 2010, p. 38.

[14] Aymon Jean, Tous les…, op. cit., t. 1, p. 179.

[15] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes nationaux : Charenton (1644) – Loudun (1659), Droz, Genève, 2012, p. 207.

[16] Aymon Jean, Tous les…, op. cit., t. 1, p. 179. S’agissant de l’usage du pluriel pour « catéchismes », il semble bien que cela soit l’une des erreurs de Aymon, en particulier lorsque l’on compare avec : Quick John, Synodicon in Gallia Reformata : Or the Acts Decisions, Decres, and Canons Of those Famous National Councils of the Reformed Churches in France, t. 1, Thomas Parkhurst et Jonathan Robinson, Londres, 1692, p. 139. ; Pour les défauts d’Aymon, voir : Roussel Bernard et Deyon Solange, « Pour un nouvel « Aymon ». Les premiers Synodes nationaux des Églises réformées en France (1559-1567) », BSHPF, vol. 139, 1993, p. 545-595.

[17] D’Espagne Jean, Shibbóleth, ou, reformation de quelques passages és Versions Françoise & Angloise de la Bible…, Thomas Maxey pour Antoine Williamson, Londres, 1653, p. 130.

[18] « Advertissement », Recueil des principaux catechismes des Eglises Réformées, Pierre Chouet, Genève, 1673, non paginé.

[19] Léonard Julien, « Les pasteurs français au XVIIe siècle : un embourgeoisement ? », Dix-septième siècle, vol. 293, n° 4, 2021, p. 266.

[20] McKee Jane (éd.), Correspondance de Charles Drelincourt et de ses enfants 1620-1703, Champion, Paris, 2021, p. 106.

[21] Richard Robert et Vatinel Denis, « Le Consistoire de l'Église réformée du Havre au XVIIe siècle : les pasteurs (Etude sociale) », BSHPF, vol. 127, 1981, p. 46.

[22] Drelincourt Charles, Catéchisme ou instruction familiere, sur les principaux poincts de la Religion Chrestienne, Nicolas Bourdin, Louis Périer et Anthoine Cellier, se vend à Charenton, 1642. ; Fauquembergue Jean de, Cathechisme qui propose l'abregé du vray cristianisme ; confirmé par des passages de l'Ecriture Sainte, Pierre Cailloué, Rouen, [1662-1679].

[23] Rivet André, Sommaire et abbrege des controverses…, Héritiers de Jérôme Haultin, La Rochelle, 1608. ; Du Moulin Cyrus, Catechisme auquel les controuerses de ce temps sont briefuement decidees par la parole de dieu, François Chayer, Sedan, 1649.

[24] Laplanche François, Orthodoxie et prédication. L’oeuvre d’Amyraut et la querelle de la grâce universelle, PUF, Paris, 1965.

[25] Carbonnier-Burkard Marianne, « Un manuel de consolation au XVIIe siècle : les Visites charitables du pasteur Charles Drelincourt », BSHPF, vol. 157, 2011, p. 334.

[26] Léonard Julien, Être pasteur au XVIIe siècle. Le ministère de Paul Ferry à Metz (1612 – 1669), PUR, Rennes, 2015, p. 95-125.

[27] Fornerod Nicolas, « Le refuge des gens d’Église catholiques à Genève (1600 – 1620) », Revue de l’histoire des religions, n° 232, 2015, p. 9‑36.

[28] McKee Jane, Correspondance…, op. cit., p. 129.

[29] Deschamps Charles, Catechisme ou Sommaire instruction contenant les principaux points de la religion chrestienne, s.n., s.l., 1644.

[30] Richard Robert et Vatinel Denis, « Le Consistoire… », art. cit., note 178, p. 47.

[31] Fauquembergue Louis de, Catechisme ou instruction de la religion chrestienne…, 6e éd., Pierre Chouet, Genève, 1673.

[32] Nous remercions Philippe Chareyre de nous avoir transmis ces informations biographiques.

[33] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes…, op. cit., p. 244-247.

[34] Dieleman Margreet, Le baptême dans les Églises réformées de France (vers 1555-1685) : un enjeu confessionnel. L’exemple des provinces synodales de l’Ouest, thèse de doctorat sous la direction de Boisson Didier, Université d’Angers, 2018, p. 309.

[35] Chareyre Philippe, « Chapter Four. “Maudit est celui qui fait l’oeuvre du Seigneur lâchement”. Les pasteurs face à la censure » in Mentzer Raymond, et al. (dir.), Dire l'interdit : the vocabulary of censure and exclusion in the early modern Reformed tradition, Brill, Leyde, 2010, p. 65-87.

[36] Bost Hubert, « Les catéchismes… », Fragonard Marie-Madeleine et Peronnet Michel (éd.), Catéchismes…, op. cit., p. 123-144.

[37] Neyrinck Axelle, « Le lien de caritas dans la société chrétienne médiévale et la justification du baptême des enfants en bas-âge », L’Atelier du Centre de recherches historiques, n° 15, 2015, non paginé.

[38] Fatio Olivier (éd.), Confessions et catéchismes de la foi réformée, 2e éd., Labor et Fides, Genève, 2005 (1986), p. 29.

[39] Id., questions 333 et 357 p. 97 et 103.

[40] Viret Pierre, « Pierre Viret aux lecteurs, Salut. », Exposition familiere des principaux poincts du catechisme et de la doctrine chrestienne faicte en forme de dialogue, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.

[41] Viret Pierre, « Dedicace à l’Eglise de Lausanne » in Sommaire des principaux poincts de la foy et religion chrestienne, et des abus et erreurs contraires à iceux, Jean Rivery, Genève, 1561, non paginée. La dédicace est signée du 1er juin 1558.

[42] Viret Pierre, « A tous fideles lecteurs… » in Brief sommaire…, op. cit., Jean Rivery, Genève, 1561, non paginé.

[43] Viret Pierre, Instruction chrestienne en la doctrine de la loy et de l'Evangile…, Jean Rivery, Genève, 1564.

[44] Guéneau Yves, « L’inventaire de la Bibliothèque de l’Église Réformée d’Issoudun en Bas-Berry au XVIIe siècle », BSHPF, vol. 131, 1985, p. 92.

[45] Cf. note 3.

[46] Bourgoing François, Paraphrase ou briefve explication sur le catechisme tel qu'il est aujourd'hui reçu en l'Eglise Réformée, Symphorien Barbier pour Sébastien Honorat, Lyon, 1564.

[47] Girard Pierre, « Préface » in La fleur de la théologie, Denis Haultin, Montauban, 1600, non paginée.

[48] Du Pan Abraham, « A tres-illustre et tres-puissant Prince Henry de Rohan » in Exposition du catechisme qui s'enseigne en l'Eglise de Geneve, contenant cinquante-cinq sections…, Jacques Planchant et Estienne Voisin, Genève, 1632, non paginé.

[49] Bourgoing François, « Aux Lecteurs… » in Paraphrase…, op. cit., p. 5.

[50] Amyraut Moïse, Apologie pour ceux de la Religion, Jean Lesnier, Saumur, 1647, p. 310-311.

[51] Amyraut Moïse, « Au Lecteur » inDeux sermons…, op. cit., p. 115.

[52] Chevalier Françoise, Prêcher sous l’édit de Nantes. La prédication réformée au XVIIe siècle en France, Labor et Fides, Genève, 1994, p. 11.

[53] Grosse Christian, « “Le mystère de communiquer à Jésus-Christ”. Sermons de communion à Genève au XVIe siècle » in Arnold Matthieu, Annoncer l'Évangile, (XVe – XVIIe siècle). Permanences et mutations de la prédication, Les Editions du Cerf, Paris, 2006, p. 162.

[54] Id.

[55] Perreaux Jean, Catéchisme ou formulaire d'instruction pour ceux qui se préparent à faire la Ste-Cène, Estienne Potet, se vend à Bionne, 1650.

[56] L’ABC françois, Jean Crespin, [Genève], 1551, p. 44-47.

[57] Candidus Pantaleon, Chandieu Jean de (trad.), Chrestienne et necessaire exposition du catechisme, tirée de la Parolle de Dieu et dressée par demandes et responses, Jean Le Preux, Genève, 1588.

[58] Chichkine Vladimir et Gellard Matthieu, « Les relations entre la cour de France et les princes allemands pendant les guerres de Religion, d’après les autographes français du fonds Dubrovsky à Saint-Pétersbourg », Francia, vol. 44, 2019, p. 295-307.

[59] Candidus Pantaleon, Chandieu Jean de (trad.), « A monseigneur et tresillustre prince monseigneur Jean conte Palatin du Rhin » in Chrestienne et nécessaire…, op. cit., p. 3.

[60] Carbonnier-Burkard Marianne, « Un manuel… », art. cit., note 9, p. 333.

[61] Dhôtel Jean-Claude, Les origines…, op. cit., p. 205.

[62] Baile Guillaume, « A monseigneur l’illustrissime reverendissime Cardinal de Sourdis » in Catéchisme et abbrégé des controverses de nostre temps, touchant la Religion, nv. éd., S[imon] Millanges, Bordeaux, 1608, p. 3.

[63] La Vallade Pierre de, Brève response à un certain escrit intitulé : « Catéchisme et abbrégé des controverses de nostre temps, touchant la religion catholique », Pierre Petit-Jean, Fontenay-le-Comte, 1608 ; Rivet André, Sommaire…, op. cit.; Thomson George, La chasse de la beste romaine…, Pierre Petit-Jean, Fontenay-le-Comte, 1608.

[64] Cf. note 22.

[65] CH AEG Consistoire R 12, f. 39.

[66] Id., p. 22.

[67] Boisson Didier et Daussy Hugues, Les protestants dans la France moderne, Belin, Paris, p. 61.

[68] Barbiche Bernard (dir.), « VIII. Paix de Bergerac. Edit de Poitiers. », L’édit de Nantes et ses antécédents (1562-1598), consulté le 27/02/2024, disponible sur : http://elec.enc.sorbonne.fr/editsdepacification/.

[69] Id., p. 126.

[70] Viret Pierre, « Pierre… » in Exposition…, op. cit., p. 1.

[71] Colignon Abraham, Timothée ou de la manière de bien honorer Dieu, Pierre Aubert, Genève, 1628, p. 440 ; p. 442-443.

[72] Chevalier Françoise (éd.), Actes des synodes…, op. cit., p. 202.

[73] Chareyre Philippe, « Consistoire et catéchèse : l’exemple de Nîmes XVIe – XVIIe siècles », Fragonard Marie-Madeleine et Péronnet Michel, Catéchismes…, op. cit., p. 405.

[74] TULOT Jean-Luc (éd.), Correspondance d’Elisabeth de Nassau duchesse de Bouillon à sa soeur Charlotte-Brabantine, duchesse de La Trémoille. Années 1619-1622, p. 111.

[75] Chamier Daniel, Read Charles (éd.), Journal de son voyage à la cour de Henri IV en 1607 et sa biographie, Slatkine, Genève, 1858, art XXVIII p. 139.

[76] BPF, ms 570-2, f°156v.

[77] Bèze Théodore de, Petit Catechisme, c’est a dire, sommaire instruction de la religion chrestienne, Chez Jean Durant, [Genève], 1575. ; Chamier Daniel, Read Charles (éd.), Journal…, op. cit., p. 137-139.

[78] Du Pan Abraham, « Preface au Lecteur » in Exposition…, op. cit., non paginée.

[79] Id.

[80] Le Noir Philippe, Catéchisme familier par dem. et rép., pour l'usage des petits enfans, 6e éd., Jean Antoine Chouet, Genève, 1683.

[81] Chapron Emmanuelle, « Lire plume à la main. Lire et écrire à l’époque moderne à travers les ouvrages annotés du fonds ancien du Centre culturel irlandais de Paris », Revue française d’histoire du livre, vol. 131, 2010, p. 45-68.

[82] FERRY Paul, Catechisme général de la réformation de la Religion, presché dans Metz, par Paul Ferry, François Chayer, Sedan, 1654.

[83] Ibid., p. 121.

[84] Ibid., p. 115.

[85] Ibid., p. 30.

[86] Ibid., p. 41.

Bibliographie